OpenSocial: côté pile
La bataille engagée entre Google et Facebook est loin d’être un concours sportif pour savoir qui sera le plus grand ou le plus gros. Il s’agit d’une véritable guerre entre candidats à sortir le plus d’argent possible de nos activités sur le web. Nous sommes concernés.
Pour répondre à l’accord Microsoft-Facebook annoncé le 25 octobre (voir ce billet), Google a lancé OpenSocial le 1er novembre. La chose est officiellement présentée de façon sympathique: “Le web est meilleur quand il est social: OpenSocial offre un ensemble d’API communs pour les applications sociales qui leur permet de fonctionner sur de multiples sites”. Les API (Application Programming Interface) permettent aux applications de communiquer avec les systèmes d’exploitation.
En fait Google a convaincu une bonne partie des réseaux sociaux qui ont peur de la montée de Facebook de se mettre d’accord sur une série de standards. La liste de ceux qui ont dit oui est déjà longue avec MySpace qui est encore le premier et de loin, mais aussi Friendster, LinkedIn, Ning, Oracle, Orkut, Plaxo, Salesforce.com, Six Apart et Xing entre autres. Ça fait beaucoup de monde .
“Le marché a déjà décidé qu’il y aura une longue traîne de réseaux sociaux et que les gens appartiendront à plus d’un. Dès que vous appartenez à plus d’un, l’interopérabilité est essentielle” estime Anil Dash de SixApart qui adhère à OpenSocial.
C’est la supériorité des standards qui est en question. Anil Dash, qui s’est beaucoup remué au cours des derniers jours, nous invite à penser au web comme s’il s’agissait d’eau. “Sur le web, les plateformes propriétaires sont comme des cubes de glace. Ils peuvent flotter au dessus de la surface, mais, avec le temps, elles finissent toujours par fondre dans l’eau, et, ce faisant, l’améliorer.
Michael Arrington, le patron de TechCrunch, va encore plus loin. Il estime que “Google a réalisé un coup absolu” et se demande s’il ne s’agit pas d’un “échec et mat” pour Facebook.
En créant une alliance qui mise sur les standards qu’elle fournit (voir ce billet ), Google a réussi un joli coup contre Facebook dont l’ascension apparemment incontrôlable (3% par semaine ) l’inquiète.
Les applaudissements ont jailli du côté des rivaux de Facebook, mais les réserves ne manquent pas sur la technologie proposée par le moteur de recherche. Jack Schofield, dont le blog apparaît sur le site de The Guardian, estime que “c’est à peine un format de widgets” les Google Gadgets dont l’intérêt est donc limité.
La critique la plus sérieuse porte sur la nature prétendument “ouverte” des API d’OpenSocial. C’est loin d’être le cas si l’on en croît Shelley Powers, auteure et développeuse. “Il ne s’agit pas d’une API ouverte,” écrit-elle . “Il s’agit d’une API libre qui appartient à une seule compagnie qui la contrôle: Google. La fonctionnalité dépend de la technologie de Google qui a ses propres termes de service (ils incluent la publicité à discrétion de Google) et implique que construire une application pour OpenSocial lie Google à cette application et lui permet de pénétrer dans tous les réseaux sociaux qui se laissent bercer par Le Rêve.” Ceux qui souhaitent une analyse technique détaillée - par quelqu’un qui travaille chez Microsoft - peuvent lire ce billet .
La tendance chez analystes et blogueurs semble indiquer que la seule solution pour Facebook est d’adopter les standards d’OpenSocial. Pas sûr. Elle pourrait très bien ouvrir ses API “à la Google” en misant sur la qualité de sa plateforme et du système de pub qu’elle est sur le point de lancer. Nous ne devrions pas tarder à savoir.
La prochaine étape, selon Marc Andreessen, fondateur de Netscape et créateur de Ning, un agrégateur de réseaux sociaux qui a tout de suite rejoint OpenSocial, c’est la guerre pour “le grand réseau de publicité sociale, of course”.
Facebook avait réussi un joli coup en acceptant un investissement de Microsoft qui portait la valeur de l’entreprise à 15 milliards de dollars . Google a très astucieusement répondu en réunissant une bonne partie de tous ceux à qui un tel mariage de géants fait peur. Mais les batailles en question se situent au niveau ces programmeurs et des commerciaux. Ceux qui décident vraiment ce sont les usagers. C’est-à-dire nous.
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